Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/88

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Les guerriers endormis le cernaient presque : la plupart étaient à portée de sagaie. Si les veilleurs donnaient l’alarme, au moindre faux mouvement il serait pris. Cependant, il avait pour lui une chance : le vent soufflait dans sa direction, emportant à la fois et noyant dans la fumée son odeur et celle de la peau du chacal. De plus, les veilleurs semblaient presque assoupis ; à peine si leurs têtes se relevaient par intervalles…

Naoh apparut dans la pleine lumière, fit un bond de léopard, tendit la main et saisit un tison. Déjà il retournait vers la bande d’herbe, lorsqu’un hurlement retentit, tandis qu’un des veilleurs accourait et que l’autre lançait sa sagaie. Presque simultanément, dix silhouettes se dressèrent.

Avant qu’aucun Dévoreur d’Hommes n’eût pris sa course, Naoh avait dépassé la ligne par où on pouvait lui couper la retraite. Poussant son cri de guerre, il filait en ligne droite vers le mamelon où l’attendaient Nam et Gaw.

Les Kzamms le suivaient, éparpillés, avec des grognements de sangliers. Malgré leurs jambes courtes, ils étaient agiles, mais non assez pour atteindre l’Oulhamr qui, brandissant la torche, bondissait devant eux comme un mégacéros.

Il atteignit le mamelon avec cinq cents coudées d’avance ; il trouva Nam et Gaw debout.

— Fuyez devant ! cria-t-il.

Leurs silhouettes sveltes dévalèrent, d’une course presque aussi vite que celle du chef. Naoh se réjouit d’avoir préféré ces hommes flexibles à des guerriers plus mûrs et plus robustes. Car, devançant les Kzamms, les jeunes hommes gagnaient deux coudées sur dix bonds. Le fils du Léopard les suivait sans effort, arrêté parfois pour examiner le tison. Son émotion se partageait entre l’inquiétude de la poursuite et le désir de ne pas perdre la