Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/89

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proie étincelante pour laquelle il avait enduré tant de souffrances. La flamme s’était éteinte. Il ne restait qu’une lueur rouge qui gagnait à peine sur la partie humide du bois. Cependant, cette lueur était assez vive pour que Naoh espérât, à la première halte, la ranimer et la nourrir.

Lorsque la lune fut au tiers de sa course, les Oulhamr se trouvèrent devant un réseau de mares. Cette circonstance n’était pas défavorable ; ils reconnaissaient une voie déjà parcourue, voie que leur avait découverte la présence des Kzamms, étroite, sinueuse, mais sûre, fondée sur du porphyre. Ils s’y engagèrent sans hésitation et firent halte.

À peine si deux hommes pouvaient avancer ensemble, surtout pour combattre : les Kzamms devraient courir de grands risques ou tourner la position ; il serait facile aux Oulhamr de les devancer. Naoh, calculant ses chances avec son double instinct d’animal et d’homme, sut qu’il avait le temps de faire croître le Feu. La braise rouge s’était encore rétrécie : elle se fonçait, elle se ternissait.

Les Nomades cherchèrent de l’herbe et du bois secs. Les roseaux flétris, les flouves jaunissantes, les branches de saule sans sève abondaient : toute cette végétation était humide. Ils essuyèrent quelques ramuscules aux bouts effilés, des feuilles et des brindilles très fines.

La braise décrue s’avivait à peine au souffle du chef. Plusieurs fois des pointes d’herbes s’animèrent d’une lueur légère qui grandissait un instant, s’arrêtait, vacillante, sur le bord de la brindille, décroissait et mourait, vaincue par la vapeur d’eau. Alors Naoh songea au poil des chacals. Il en arracha plusieurs touffes, il essaya d’y faire courir une flamme. Quelques aigrettes rougeoyèrent ; la joie et la crainte oppressèrent les Oulhamr ; chaque fois, malgré des précautions infinies, la mince palpitation s’arrêta et s’éteignit… Il n’y eut plus d’espoir ! La cendre