Page:Rosny aîné – Daniel Valgraive, 1891.djvu/39

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Son cœur battait péniblement, une douleur infinie le terrassa sur sa chaise :

— Fuir le rêve, Daniel !

Les trois mots chantèrent en lui comme les vespres dans une basilique. Une belle et forte mélancolie chassa l’épouvante. Il se vit debout avec Hugues dans une jolie cité de tourelles. Des réverbérations coulaient dans les vasques des vallées, des cloches légères tremblaient sur le cristal de l’air, la vie patiente, robuste et continue sourdait en épeautres et en avoines. Sous les ramures d’un abiès, une lumière de sainteté, une lueur d’auréole argentait les mousses ; les longues théories de la branche et du ramuscule se vêtaient des couleurs les plus reposantes ; l’air descendait en ondes jeunes, vibrantes, électriques, où tous deux puisaient le