Page:Rosny aîné – Daniel Valgraive, 1891.djvu/53

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aimait secrètement, douloureusement Clotilde, et cet amour, par sa pureté, par le soin extrême dont il était dissimulé, par une immolation complète, n’était point de ceux dont on pût faire reproche.

Puis, au tréfonds, il était une excuse supérieure et à laquelle Valgraive ne pouvait songer sans un peu de remords : Hugues avait connu et aimé Clotilde le premier, Hugues avait pu l’espérer pour femme. Certes, l’un n’avait pas enlevé la jeune fille à l’autre ; certes, la précaire situation de fortune d’Hugues, sa réserve délicate, fière et craintive, son silence, lui donnaient d’emblée tout désavantage non seulement sur l’ami, mais sur chacun des jeunes et riches antagonistes qui désiraient Clotilde : irrésistiblement un quelconque devait l’emporter sur ce ti-