Page:Rosny aîné – Daniel Valgraive, 1891.djvu/68

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mettre de menues perfidies, une impression d’être moins déchu, moins vieux, tant qu’il garderait quelque habitude d’activité malfaisante. Pour mieux jouir de l’aventure, il remettait le péril à très loin, se flattant de le pouvoir arrêter en route, d’un acte ou d’une parole adroite.

Ce soir, il feignit de s’assoupir, sachant que Clotilde n’en serait pas dupe. La fermeture de ses paupières condensa sa rêverie, tels ces fleuves mal taris, épandus en mares, qui se raniment et se haussent dans un étranglement des rives. Il savoura, complète, quelque scène, quelque veillée de famille, avec un arome de thé, des paroles intermittentes ainsi que des gouttelettes de pluie, Daniel pensif, distrait, Clotilde étendue en un malicieux silence. Dans ce bien-être