Page:Rosny aîné - La Femme disparue, 1927.djvu/157

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ce temps, l’autre avait repris sa course vers la Tourbière. Il fallut de nouveau lui couper le chemin, ce qui demanda plus de dix minutes.

— Prends garde ! hurla alors le bandit. C’est peau contre peau !… Si tu me manques, je ne te manquerai pas !

Le lieu était morne et tragique. Des bruyères alternaient avec des pins rabougris et des îlots de broussailles. Martin se trouvait au bord d’un de ces îlots, Martial avait pour s’abriter un bloc de granit, où l’on apercevait une vague inscription latine.

La voix du braconnier s’élevait rauque et puissante comme le beuglement d’un bison :

— Merci tout de même ! clama railleusement Martial.

Ils s’observèrent un moment, avec calme et vigilance. Aucune surprise ne semblait possible. Si l’un d’eux faisait mine d’épauler son fusil, l’autre pouvait instantanément se dérober. Derrière son bloc, le coureur des bois serait à l’abri des balles ; dans sa broussaille, le malandrin deviendrait invisible.