Page:Rosny aîné - La Femme disparue, 1927.djvu/159

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gauche de la pierre, où il y avait une sorte d’échancrure.

Le nuage commençait à faire pâlir le clair de lune.

Une détonation retentit. Martial poussa un long cri funèbre. Le chapeau roula sur le sol ; le sachet eut comme un soubresaut :

— Un rude coup de fusil ! chuchotait le rôdeur avec approbation. Ils sont rares ceux qui en feraient autant.

Il contemplait les déchirures par où la balle était entrée et ressortie.

Le silence reprit, un silence pareil à celui des grandes solitudes. Martial s’était glissé vers la droite, d’où il pouvait épier la retraite de Martin sans être aperçu lui-même. Pendant dix minutes, celui-ci ne fit aucun mouvement. Tapi dans la broussaille, tous ses sens en éveil, il guettait. À peu près aussi sauvage que Martial, il jouissait d’une ouïe de loup et de prunelles d’émouchet. Il croyait avoir atteint le but. La chute du chapeau, le cri funèbre, le mouvement spasmodique de ce qu’il prenait pour la