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LA JEUNE VAMPIRE

très charmante. Il s’abandonnait à l’espérance, son jeune amour sortait plus vivace de l’orage.

Peu à peu, les frissons de la jeune femme reprirent. Elle se pelotonnait dans son fauteuil, elle regardait fixement devant elle, d’un œil triste et presque hagard. Visiblement, elle s’affaiblissait.

— Qu’avez-vous, darling ? demandait James.

— Je suis fatiguée.

Il se rapprocha, il lui passa doucement les bras autour de la taille. Elle le laissait faire ; la grande chevelure se répandait dans le cou du jeune homme. Quand il voulut l’embrasser, elle éloigna ses lèvres.

— Never more ! Never more ! [1] gémit-elle.

Il insista, il l’attira avec la force généreuse de l’amour. Mais elle résistait ; et, quand il réussissait à atteindre la bouche rouge, aucune caresse ne répondait à la sienne… Cependant, cette lutte épuisait la jeune femme. Elle fit un dernier mouvement pour se dérober ; ses yeux se fermèrent ; elle eut un soupir léger, puis sa tête roula en arrière. Elle était évanouie…

Il essaya en vain de la ranimer. Le pouls semblait éteint ; on ne pouvait percevoir la palpitation du cœur ; aucun souffle ne s’exhalait des lèvres décloses…

Alors, désespéré, James envoya chercher Percy Coleman.

Le neurologiste apparut vers minuit, accompagné d’un gigantesque adolescent aux cheveux auburn et au teint jambon d’York.

– Hulloo ! s’exclama le savant en tambourinant sur l’épaule musculeuse de son compagnon… voilà un rude fellow pour vous… un glorieux serviteur de la science. Ce

  1. Jamais plus !