Page:Rosny aîné - La Jeune vampire, 1920.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
17
LA JEUNE VAMPIRE

Aux paroles du médecin, il eut un sursaut convulsif et se précipita vers Evelyn.

— Stop ! fit péremptoirement le praticien. Elle n’a pas seulement la force d’un pigeon au sortir de l’œuf. La moindre maladresse peut l’éteindre… et vous êtes dans un état de maladresse effrayant.

Outre le jeune géant, deux internes étaient venus, qui exécutaient chaque commandement de Coleman avec célérité et précision.

— Assez de courants ! fit ce dernier. Il est temps de rythmer le souffle…

Le plus âgé des internes appliqua aux narines de la malade deux tubes fins et flexibles, reliés à une machine complexe que le second interne mit en mouvement à l’aide d’une manivelle. Percy réglait la vitesse par des indications sommaires.

Au bout de quelques minutes, on discerna une palpitation régulière de la poitrine, puis les paupières s’entr’ouvrirent et les yeux d’Evelyn, comme imprégnés de ténèbres, s’agitaient faiblement.

— Nous l’avons tirée des profondeurs abyssales ! chuchota le neurologiste…

Il épiait, d’un air perplexe, le retour de la vie dans ce corps anormal. Tout en tirant vanité de ses méthodes, et particulièrement de la machine à rythmer, il se sentait enveloppé d’un vaste hasard. Chaque acte allait à l’aventure. Et le réveil d’Evelyn, loin de faciliter la tâche, la rendait plus embarrassante. Il ne savait pas du tout que faire. La faiblesse de la jeune femme semblait excessive et ne permettait pas de s’en rapporter uniquement à la nature. Une intervention était indispensable. Seulement, voilà ! Quelle intervention ?

Peu à peu, l’ombre avait quitté les prunelles. Evelyn commençait à voir. Elle aperçut d’abord le docteur penché sur elle, puis un des internes, et ces images parurent la laisser