Page:Rosny aîné - La Jeune vampire, 1920.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
20
LA JEUNE VAMPIRE

— Faites place ! cria rudement le médecin, il y a peut-être autre chose à faire qu’à pleurer…

L’examen auquel il se livra porta le comble à son exaspération. Evelyn se retrouvait exactement dans l’état où il l’avait trouvée avant minuit.

D’abord, cet état parut stationnaire, mais bientôt Percy eut l’impression que les événements se précipitaient. La vie décroissait de seconde en seconde. Au bout de dix minutes, les plus délicates observations cessèrent de la déceler.

— Cette fois, grommela-t-il, ce n’est plus une chance qu’il nous faudrait, c’est le miracle… Et le miracle, hein ! David ?

Il attendit quelque temps encore, renouvela patiemment ses investigations, puis il extirpa de sa trousse un tube très fin, plein d’un liquide transparent et clos à l’une de ses extrémités par une fine membrane, qu’il perça à l’aide d’une aiguille.

— La dernière cartouche ! fit-il hargneusement.

Il introduisit délicatement le tube dans une narine et attendit. Peu à peu, le liquide prit une teinte opaline.

— C’est signé ! grommela le neurologiste. Elle est de l’autre côté… Et c’est diablement regrettable !

James s’était abattu avec des sanglots. Puis, il écarta brutalement Coleman, et, penché, il ne cessait de considérer Evelyn dans une stupeur douloureuse…

Tout à coup, il fut saisi d’un tremblement ; ses prunelles se dilatèrent ; il cria d’une voix étrange :

— Regardez… regardez… Depuis qu’elle est morte, elle est beaucoup moins pâle.


v


Coleman, qui faisait ses préparatifs de départ, avec l’indifférence du praticien et l’acrimonie du savant déçu, se retourna en haussant les épaules. Mais, dès qu’il eut regardé le cadavre, il dut se rendre à l’évidence.