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LA JEUNE VAMPIRE

leur « délivra » un joli petit sermon sur les devoirs du mariage et conclut :

— Evelyn Grovedale a déjà été donnée à cet homme, dans cette même église, et James Bluewinkle a pris Evelyn Grovedale sous sa garde. Ils se sont promis d’être l’un à l’autre, pour le mieux et pour le pire, et de s’aimer dans la richesse et dans la pauvreté. Je rappelle à la femme qu’elle doit obéissance à son mari, et à l’homme qu’il doit protection à son épouse : la bénédiction du Seigneur sera sur leur mariage !

Ensuite de quoi James versa trois livres sterling, sept shillings et six pence dans la dextre du sieur Blackfoot, droguiste et sacristain.

La beauté du temps les entraîna – en voiture – jusqu’à Epping-Forest, où la vieille Angleterre conserve des chênes immenses et des ormes fabuleux. Ils rôdèrent sous les pesantes ramures, s’assirent sur la mousse hospitalière, consommèrent le rosbif, le pudding et l’ale dans une auberge des vieux temps, et le soir, tournés vers le couchant, devant les nues géantes où étincelaient les fables, les légendes et les chimères, elle fut la vierge qui laisse flotter sa chevelure sur l’épaule du bien-aimé, il fut le conquérant qui emporte la toison vermeille…


Il y eut des matins et il y eut des soirs. Le passé était derrière eux comme un rêve : James se demandait si tout cela, en vérité, n’avait pas été un rêve.

Un matin qu’il y songeait, Evelyn encore endormie, il vit la nourrice sur le perron du jardin d’arrière [1]. Elle berçait doucement le jeune Walter dont les yeux glauques regardaient les arbres d’un air terriblement méditatif.

James eut un élan de tendresse vers le petit être et le prit dans ses bras. Il le promena à travers la pelouse et, peu

  1. Un grand nombre de maisons, à Londres, ont un petit jardin devant la façade de la rue et un autre jardin du côté de l'autre façade.