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CONTES. — PREMIÈRE SÉRIE

bizarre. Les rapports se succédèrent. Du côté des Turcs, le généralissime et ses seconds montrèrent d’autant plus de surprise que, pour eux, la phosphorescence était invisible. Il leur semblait seulement que les étoiles étaient moins étincelantes que ne le comportait la pureté du ciel. Laufs-Pacha, homme réfléchi et sagace, fit faire une contre-enquête : ordre fut donné à une équipe aérienne supplémentaire d’examiner la situation.

Le rapport de ces nouveaux éclaireurs fut en tout conforme à ceux des premiers. La surprise de Laufs-Pacha augmenta, mais ni lui, ni ses officiers, ni aucun des nombreux techniciens présents n’ayant pu former une conjecture raisonnable, on finit par se rabattre sur l’idée d’un phénomène naturel — radiation tellurique ou électrique, — qui, en tout cas, ne paraissait agir ni en bien ni en mal sur les hommes et les animaux. De guerre lasse, le généralissime et ses coadjuteurs remirent la solution à plus tard.

Dans le camp austro-hongrois, le comte von Eberhardt montrait également quelque trouble, mais ce trouble était d’autre nature. Monté sur une éminence, il apercevait parfaitement les bandes de territoire d’où jaillissait l’énigmatique lueur, et se tournant vers le nord-est, puis à l’opposite, il scrutait l’horizon d’un œil à la fois impatient, anxieux et plein d’une espérance superstitieuse…