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CONTES. — PREMIÈRE SÉRIE

V

Dans l’après-midi, les troupes austro-hongroises cernaient presque complètement l’armée ottomane, quoique, à l’arrière et sur les ailes, les effectifs d’enveloppement fussent relativement peu denses. Quelques régiments turcs et beaucoup d’infanterie montée avaient pu effectuer leur retraite — leur fuite plutôt — en temps utile. Mais vers midi, les fusils à longue portée des tirailleurs autrichiens et quelques batteries légères opposèrent un rempart de projectiles aux fugitifs. Une trentaine de mille hommes, aux deux ailes, demandèrent alors à se rendre. Le reste demeurait terré, attendant le soir.

À la suite d’une terrible discussion, quelques officiers turcs de l’état-major, excités par Soleiman-Pacha, avaient fait appel à des soldats kurdes et albanais pour arrêter leurs collègues allemands.

Après ce coup d’État, Soleiman avait hardiment pris le commandement de l’armée. Par des discours furieux, il avait persuadé la plupart des officiers mahométans que Laufs-Pacha était un traître et que l’armée pouvait être sauvée. Même, il tentait d’opérer une retraite de plein jour, mais il comprit promptement qu’il courait à un terri-