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LE CONDAMNÉ À MORT

— De quoi ? Rejeté ? Qu’est-ce qui est rejeté ?

Tout à coup, il comprit et devint grave :

— Du courage ! ricana-t-il… On verra si qu’on en a.

Il se leva avec fermeté ; il commença à s’habiller. Par moments, il jetait un regard sommaire autour de lui. Jusqu’alors, il ne m’avait pas reconnu : je me tenais peureusement caché derrière les autres. Mais, brusquement, il m’aperçut et un vague sourire crispa sa lèvre :

— Pardon, excuse ! s’écria-t-il, je vous avais pas vu… je suis bien content !

Il tenait sa veste à la main, il me regardait dans les yeux avec un mélange de confiance, d’affection et de stupeur :

— C’est-y vrai, ce que dit cet autre ? demanda-t-il.

— C’est vrai, balbutiai-je d’une voix anéantie, mais je suis sûr que vous ne faiblirez pas.

— Moi, faiblir ! Ah ben !…

Il me tendit les mains en grommelant :

— J’oublierai jamais ce que vous avez fait pour moi.

Après quoi, il passa sa veste. Sans doute, sa conscience obtuse ne réalisait pas encore complètement l’événement. Aucune menace n’émanait de la contenance des visiteurs : il devait se figurer que l’exécution était précédée de quelque cérémonie brutale ou terrible.

Il me demanda encore :