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LE CLOU

plus confortable et plus pesant. Il était plus de minuit quand le petit Maurice sortit de sa retraite, tenant à la main un marteau de menuisier et un clou fin et long. Il s’orienta ; il se trouva tout d’abord devant la chambre où dormait le capitaine. Elle n’était pas close : la serrure manquait. Le petit garçon poussa lentement la porte et entra. Un léger clair de lune neigeait sur le lit. Le capitaine dormait comme un hérisson. Il faut croire que l’enfant avait parfaitement prémédité son acte, car il n’eut aucune hésitation. Il se dirigea vers le dormeur, et, lorsqu’il fut à portée, il pointa son clou sur la tempe ; puis, avec une rapidité et une adresse extraordinaires, il l’enfonça de deux coups de marteau. Le capitaine poussa un cri épouvantable. Maurice se sauva…

Il descendit par l’escalier obscur, et, avant que les soldats qui veillaient eussent pénétré dans la demeure, il avait bondi, par une fenêtre d’arrière, sur un tas de bois, il s’était glissé en rampant le long d’une sorte de haie. Lorsqu’il passa sur la plaine, des coups de feu le saluèrent, sans l’atteindre. La chance continuant à le favoriser, il put se réfugier dans une hêtraie, derrière laquelle se trouva un étang qu’il franchit à la nage…

Le lendemain, après des détours, et s’étant restauré d’un morceau de pain que lui avait donné une fermière charitable, Maurice se remit à la poursuite du détachement ; il voulait s’assurer