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CONTES. — PREMIÈRE SÉRIE

que le capitaine était bien mort. Il ne le sut positivement qu’à un prochain village, où des soldats avaient dévoilé le fait en proférant des menaces contre l’habitant. Alors seulement, Maurice retourna chez lui. Pendant tout le reste de la guerre, il épia les troupes allemandes qui passaient par le terroir, et il réussit plusieurs fois à faire exterminer de petits détachements par les francs-tireurs.

— Voilà, en effet, un petit bonhomme qui était marqué pour la vie héroïque ! dit Marsolles, quand Lagaille eut terminé son récit. Toutefois, ce n’est pas tant son énergie qui m’étonne que l’épisode du clou. Il y a là je ne sais quelle précision presque diabolique, qui est plus incroyable encore chez un enfant…

— C’est que vous n’avez pas vécu dans nos villages, répliqua Lagaille. « La mort par le clou », si j’ose ainsi dire, y fait le fond d’un tas de légendes, dont un certain nombre sont bel et bien de la réalité. Nos conteurs rapportent ces histoires avec un grand luxe de détails : et il y a peu d’enfants qui n’aient pas présente à la mémoire la manière dont il faut s’y prendre pour faire « passer » la victime.