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LA PLUS BELLE MORT

désert, et nous répondions vaguement, pour la forme.

Vers le crépuscule du soir, comme je m’en revenais de visiter mes grand’gardes, je vis Mary et Herbert qui se promenaient sur la crête d’une colline. Ils se parlaient avec animation, et leurs silhouettes, devant le ciel rougissant, avaient un grand charme. De ma nature, je suis curieux, quand par aventure la curiosité n’est pas un mal. Je m’assis sur un baliveau et j’observai les promeneurs. Même, j’usai de ma lunette pour les mieux considérer. Buchanan parlait beaucoup et Mary écoutait avec attention. À la fin, elle fit un geste d’assentiment. Alors, il cueillit une grande fleur rose dans un buisson et la tendit à la jeune fille. Elle la piqua à son corsage et comme Herbert ouvrait les bras, elle eut, je pense pour la première fois, un geste d’amour : elle rendit l’étreinte et leurs lèvres se touchèrent…

Leurs lèvres se touchèrent et dans le même moment leurs têtes disparurent. Il ne resta plus que deux corps enlacés, deux corps décapités d’où le sang jaillissait à bouillons.

Ce fut si fantastique et si soudain que, malgré mon habitude de la guerre, je ne compris d’abord pas. Je n’avais littéralement pas vu disparaître