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LE QUINQUET

de chose : une tour lézardée, quelques murailles ruineuses, quatre ou cinq acres d’une terre sauvage, si ravagée de cailloux qu’elle ne se prêtait à aucune culture. Mais c’était un nid à documents, à inscriptions curieuses, à débris suggestifs. Mon père s’y installa tout un été et se mit à y faire des fouilles. Il les prolongeait quelquefois très tard. Armé d’une bonne lanterne, il parcourait des chambres, visitait des placards et des cachettes, sondait des murailles.

Or, un soir, sa lanterne se brisa. Il voulut la remplacer par une lampe de cuisine, mais cette lampe était si fumeuse qu’il dut y renoncer. Il alla alors prendre « sa » lampe, et, avec précaution, il s’en servit pour éclairer une chambre voûtée, où il soupçonnait des secrets. C’était au moins la vingtième fois qu’il y revenait — vainement — ; ses échecs ne faisaient qu’irriter son envie. Il tapait sur les murailles, arrachait du plâtre, sondait à l’aide de ses outils. Rien. À la fin, dans un accès d’humeur où se mêlait quelque esprit jovial et burlesque, il se tourna vers sa lampe, et s’écria :

— Tu es entrée dans la famille en sauvant ma grand’mère… ne feras-tu rien pour moi ?

Ce disant, il marchait à petits pas, la lampe tout près de la muraille. Tout à coup, la flamme fit une espèce de bond ; puis elle palpita, vira, s’allongea :

— Voilà qui est singulier ! murmura mon père,