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LA FILLE DU MENUISIER

couloir, au fond duquel un grand bougre de menuisier se livrait à un travail de consolidation. La séance durait longtemps : des propos aigres franchissaient les panneaux de la porte. De-ci de-là, le menuisier interrompait sa besogne et venait dire un petit mot à Richard, dont la frimousse lui revenait.

Vers midi, l’homme interrompit sa besogne et demanda :

— Tu dois avoir faim ?

— Oh ! oui, répliqua le gamin avec conviction.

Alors, l’homme cria à travers la porte, d’une voix bon enfant et goguenarde :

— J’emmène l’gosse pour déjeuner… J’vous l’ramènerai dans une demi-heure.

— Bon ! riposta une voix pointue… mais pas plus tard !

Le menuisier emmena Richard dans un de ces restaurants à cochers, où on sert des repas substantiels, sains et succulents. Le petit mangea comme il n’avait pas mangé depuis longtemps, car le père le nourrissait sans largesse, et pour cause. Au bout d’une demi-heure, l’homme et son protégé remontèrent dans le couloir :

— Ça y est ! cria le menuisier en tapant sur la porte… Est-ce qu’on peut rentrer ?

— Oui ! répondit la voix pointue.

Le conciliabule touchait à sa fin. Il avait pris des résolutions énergiques qui furent communiquées à Richard par le comte Népomucène Gerval