Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/89

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— Je ne veux pas !… Je ne veux pas ! Nous ne mourrons pas ainsi.

— Tu as raison, répliqua Targ. Nous tiendrons tête à l’infortune.

Manô sortit de sa torpeur pour dire :

— Et que ferez-vous ? La mort est plus proche que si nous avions cent ans de vie.

— N’importe ! cria Targ. Nous partirons !

— La terre est vide pour les hommes ! fit encore Manô. Elle vous tuera dans la douleur. Ici, du moins, la fin sera douce.

Targ ne l’écoutait plus. L’urgence de l’action l’absorbait : il fallait fuir avant le milieu du jour, l’heure fixée pour le sacrifice.

Ayant visité avec Arva les planeurs et les motrices, il fit son choix. Puis, il répartit entre les appareils la provision d’eau et les vivres qu’il avait en réserve, tandis qu’Arva emmagasinait l’énergie. Leur travail fut prompt. Avant neuf heures, tout était prêt.

Il retrouva Manô toujours plongé dans sa torpeur et Érê qui avait rassemblé les vêtements utiles.

— Manô, dit-il en touchant l’épaule de son beau-frère, nous allons partir. Viens !

Manô haussa lentement les épaules.

— Je ne veux pas périr dans le Désert ! déclara-t-il.

Arva se jeta sur lui et l’étreignit de toute sa