Page:Rosny aîné - La Vague rouge.djvu/23

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on n’y voit que des prolétaires, ensuite on n’y groupe que des travailleurs d’une même catégorie ; enfin on y considère directement les intérêts fondamentaux des associés. Ainsi, le syndicat se rattache à la vie même ; il ne poursuit que des buts pratiques, clairs, évidents. Les associés discutent sur le travail qui les fait vivre à l’atelier, au chantier ou au bureau, et sur les moyens d’en tirer, maintenant comme dans l’avenir, le meilleur parti. Il ne s’agit plus de faire mijoter ensemble des principes différents, il s’agit de lier des intérêts semblables. On voudrait s’égarer, on ne le pourrait pas : le lien qui unit les syndicalistes entre eux est aussi solide que celui qui unit l’ouvrier et ses outils… Est-ce à dire que les syndicats doivent rester solitaires ? Ce serait une belle sottise ! Du moment que le but est fixé pour chaque groupe, les unions, les fédérations, enfin une confédération générale s’imposent. Elles seront la source d’immenses énergies ! Notre C. G. T. actuelle représente d’une part la classe travailleuse en bloc, mais d’autre part elle combine, dans un riche ensemble, tous les corps de métier, apportant chacun ses vœux fixes. Peut-on comparer cela aux blagues incohérentes de la Chambre et du Sénat ?

— Faut-y plus voter ? s’écria Pouraille.

— Votez si vous voulez !… Un député soi-disant collectiviste vaut toujours mieux qu’un député radical, et un député radical est préférable à un député réactionnaire. Mais ne voyez dans votre vote qu’une balade à la mairie. Portez votre attention, toute votre attention et toute votre ardeur et tout votre courage, toute votre huile de bras et de tête, aux luttes syndicales. Croyez fermement que neuf heures de travail valent mieux que dix et huit que neuf. Comptez qu’un franc c’est dix centimes de plus que dix-huit sous. Soutenez ceux qui font grève ; faites vous-mêmes grève avec opiniâtreté