Page:Rosny aîné - La Vague rouge.djvu/379

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Il prédisait que les syndicats rouges allaient porter un coup funeste à l’industrie française. Le système de la C. G. T. rendrait définitive l’infériorité de nos manufactures et de nos usines. Comme la France est encore assez forte et surtout assez ingénieuse pour réagir, comme le capital est un élément soumis à des lois irrépressibles, il y aura une levée fatale et sans pitié. Des machines vont naître, tantôt puissantes, tantôt subtiles, qui économiseront prodigieusement la main-d’œuvre. En même temps se constituera une caste nouvelle, une bourgeoisie ouvrière, composée d’homme réfléchis, adroits, ingénieux, à qui seront confiées les besognes supérieures. Quant à la masse, sa défaite est certaine : ou elle recourra à une révolution dérisoire, ou, s’obstinant à suivre les errements de la C. G. T., elle endurera d’effrayantes famines.


Il enseignait, avec un enthousiasme sec et têtu :

— Produites par la nécessité, les machines sont plus fortes que ceux-là mêmes qui les ont inventées. Les prolétaires ne peuvent rien contre elles. Elles les écraseront tant qu’ils n’auront pas leur part du capital. Entendons-nous bien : il ne s’agit pas d’avoir sa part à la façon d’un fonctionnaire ou d’un contribuable ; il ne s’agit pas d’être un bavard ou un imbécile qui compte arrêter la production et qui rêve d’une humanité où l’on gagnerait sa vie en musardant. Non ! il s’agit de besogner vaillamment et honnêtement, d’apprendre le mécanisme de l’échange et de la production. Le rêve d’un paradis, où « on se la coulerait » en fainéantise et en rigolade, est un rêve d’imbécile. Cela pourrait durer dix ans, vingt ans… Après ce serait la débâcle. Les forts, actifs et volontaires, se lasseraient d’une société stupide, qui ne mériterait pas de vivre. Ils