Page:Rosny aîné - Le Cœur tendre et cruel, 1924.djvu/16

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ment j’aurais ensuite de mépris pour l’humanité.

L’idée de ce mépris refroidit les omoplates de Georges. Puis, songeant à la manière dont il le mériterait, il eut une bouffée de chaleur.

— Vous irez la voir une ou deux fois par semaine, dit encore Charles… et, une ou deux fois aussi, vous l’attendrez à la sortie du théâtre.

Il lui vint une fugitive inquiétude. Ses principes lui interdisaient la confiance : elle porte malheur. Il s’assujettissait à toujours prévoir une trahison, au petit bonheur, comme le Napolitain s’assujettit à porter la corne qui combat le jettatore. L’amitié étant une école de bonne foi, il ne fallait pas se méfier de Georges, et il ne s’en méfiait point. En outre, pour d’autres raisons, il concédait