Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/108

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sant, tout de grâce et de prodige. À les voir évoluer, pointus ou discoïdes, avec leurs yeux aux bagues fines, leurs bouches rondes ouvertes, le jeu muet de leurs opercules, s’éparpillant et se rassemblant, bandes assombries de dos, grappes de clarté de flanc, tourbillonnant sous la voix mince des roseaux, filant droits comme des rayons de lune par les branches ou frémissant ainsi que les feuilles à la tempête, ils semblaient les notes visibles d’une orchestration prodigieuse où les yeux prenaient tous les plaisirs de rythme et d’harmonie de l’oreille.

La lutte pour les maintenir ou les éloigner dura quelque temps ; mais un de nos hommes s’étant aventuré sur le radeau, le roseau à rainure à la main, dès qu’il se mit à jouer, les poissons montèrent vers la surface et s’éloignèrent.

Les poissons disparus, le camp des Noirs marqua sa fatigue. Les quelques-uns qui