Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/110

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sous bonne escorte vers les huttes, étaient partis depuis quelque temps, lorsque je vis émerger cinq ou six hommes clairs portant un enfant noir qu’ils déposèrent sur le radeau. On me fit signe de veiller sur lui et, comme je l’entendais pousser des gémissements, on me montra avec compassion son bras gauche. Je palpai ce bras. Il était luxé à l’articulation de l’épaule. Mais j’y fis peu attention, car le radeau de Sabine, en ce moment, disparaissait dans les brumes.

Nous avions rejoint l’île. Notre troupe y prit du repos, mais sans aucune joie de la victoire, plutôt du dégoût et de la tristesse, accompagnés d’indignations subites, de grandes colères clapotantes. Pendant qu’ils faisaient cuire du poisson, je rôdai par l’île. Je la parcourus jusqu’aux deux tiers, dans sa largeur. Il y croissait d’immenses graminées, et je me rappelle, à travers ma songerie, avoir remarqué une sorte de sillon où ces graminées se couchaient ; mais ce fut une