Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/111

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de ces remarques qui ne pénètrent pas, qui reviennent seulement plus tard comme les ébauches d’idées reviennent dans le sommeil. Quelques pas encore, le terrain s’effondrait dans un entonnoir hérissé de pierres dures où s’ouvrait, vers le fond, un trou plein de vertige et de nuit.

Je me penchais sur ce sépulcre, y comparant mon âme vide et béante, et j’eus une hallucination. Il me sembla qu’une plainte venait de là, une plainte non comparable avec celles qui pouvaient sortir du larynx d’un Homme-des-Eaux : rien du clapotement humide, batracien, si caractéristique, mais une voix toute terrestre, sèche et vibrante, telle qu’une voix d’Européen.

– Sabine ! criai-je.

Étais-je fou ? Sabine fuyait sur les eaux. J’écoutais pourtant. Je prêtais une oreille capable de percevoir le vol d’une phalène dans les bois. Et je n’entendais que la