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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/112

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rumeur des choses mortes, celle qui gronde à toute caverne avec les craquements menus de la pierre, les obscurs déclics de l’horloge des choses.

Alors, tout songeur, je revins au campement. La halte ne se prolongea guère, car dès que le poisson fut rôti, nous l’emportâmes. Eux s’en repurent sous l’eau ainsi que je le leur avais vu faire souvent, moi je mangeai ma part sur le radeau. J’en avais offert à mon compagnon de route. Il avait refusé. Dans cette angoisse où je vivais, sa souffrance m’avait d’abord laissé indifférent, mais ce refus de nourriture, sa soif continuelle, les plaintes qu’il exhalait, attirèrent enfin mon attention. Déployant toute mon énergie, je parvins à remettre en état les surfaces articulaires de son bras.

Tandis que je me penchais pour finir mon opération, une particularité m’attira. Sans le moindre doute, les yeux du blessé n’avaient pas, à beaucoup près, les caracté-