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Un bienfait n’est jamais perdu


Je vivais donc heureux. J’eus la sottise de ne pas le reconnaître ; j’imaginai qu’il me fallait revoir les hommes de ma race. Si du moins j’avais eu de la famille ! Mais point ! Il me restait tout juste un oncle pour qui j’étais moins intéressant qu’un cigare, et un cousin qui m’exécrait. Quant aux amis, je n’en avais eu réellement que deux, — et tous deux étaient morts. Néanmoins, je me persuadai qu’il fallait songer au retour. Et j’y songeais, — mollement. Ce fut la cause qui me fit refaire connaissance avec mes semblables. Un incident y aida. Un jour que je rôdais seul autour de mon domaine, je vis un Nvoummâ couché sur le sol. Cet homme, à mon approche, essaya de se lever et de s’enfuir, mais il était blessé aux jambes : il retomba. Comme la plupart des sauvages, il savait se plier à la fatalité.