Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/225

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ment de n’être pas sur son territoire de chasse faisait hésiter Saïd. Il attendait l’attaque au lieu de la mener. Le lion noir, au contraire, avait l’impression d’un droit ; il en tirait certaine confiance. Il recula plusieurs fois, ploya sur ses pattes musculeuses et bondit. Saïd ne reçut pas directement l’assaut, son instinct connaissait trop bien le désavantage de l’immobilité. Il se jeta sur le côté et tenta de saisir le flanc de l’antagoniste. Mais le lion noir se tourna à temps ; les griffes se rencontrèrent. Mêlée impétueuse et colossale ! Je vis tournoyer ces vastes structures, étinceler les crocs en poignards et s’emmêler les crinières. Les blessures béèrent, le sang ruissela. Attaqué de liane, Saïd fléchit vers la source, et dut rompre le contact. Je crus que la bête sombre et trapue allait l’emporter sur le grand lion jaune. Mais d’un mouvement vertigineux, mon compagnon reprit l’attaque. Le lion noir fléchit, ses pattes s’embrouillèrent,