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Entre nègres et maures


Ce jour-là, nous nous arrêtâmes sur le penchant d’une colline, aux confins de la brousse et du désert. Le vaste soleil cramoisi venait de crouler à l’occident, comme une fournaise qui s’effondre. La lune, tout aussi vaste, couleur de corail et de cuivre, jaillissait dans une échancrure lointaine. Elle éclairait des terres rudes, sèches et menaçantes. Un vent chagrin s’abattait ; il se heurtait à la colline avec des plaintes et des balbutiements ; il roulait sur le désert rouge, soulevant les sables et se rompant sur les granits. Dans le firmament de nacre légère et de saphir épais, les étoiles avaient peine à naître. On n’apercevait que les plus grosses, vacillantes et comme enfouies dans des conques perlées.

Nous avions faim. Saïd s’était mis en embuscade, dans un massif d’ébéniers, flai-