Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/228

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rant la gazelle ou l’antilope. De mon côté, je guettais la nuit, lorsque des bruits lointains me parvinrent. C’était de l’autre côté de la colline. Une fusillade crépitait, tantôt par salves, tantôt par détonations solitaires. Je me rappelai ce soir sinistre où notre expédition avait été exterminée par les anthropophages. Et d’abord, si absurde que parût une telle conjecture, je me figurai que des Européens luttaient contre des indigènes. La nature même de la fusillade me détrompa. Elle ne ressemblait en rien au tir rapide des armes modernes ; elle n’en avait ni le son ni le rythme.

La sagesse me conseillait de m’enfoncer dans les solitudes. Mais l’homme, s’il n’est pas maître de sa destinée, l’est encore moins de sa propre personne. Dans cette vie brève, chacun d’entre nous est son pire ennemi, — un ennemi auquel on n’échappe point !