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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/245

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savourer la chair fraîche, à déguster le beau sang rouge, et il ne bougea point lorsque je me dirigeai vers mes nouveaux amis. Ils m’accueillirent avec leur flegme natif, mais avec une satisfaction évidente, surtout chez la jeune femme, dont les paupières et les lèvres sourirent : je sentis mieux le charme ténébreux et flamboyant de ces yeux, cette lumière qui évoquait tant de choses très antiques, tant de légendes nées à l’amont des âges, lorsque la terre était plus neuve et le soleil plus vaste !

Le vieillard me montrait les méharis et les chevaux entravés :

— Qu’allons-nous faire ?

— Il faut, répondis-je, que vous me précédiez tous trois, après avoir pris ce qui reste là-bas d’armes et de provisions. Vous me laisserez un cheval. Je vous suivrai à quelque distance. Peu à peu, j’espère, nous pourrons habituer le lion à vos personnes.

Et j’ajoutai :