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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/247

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C’était un cheval noir, encore jeune, à la tête forte, aux prunelles aussi calmes que peut les avoir une bête de sang pur. Oumar le caressait pendant que je lui soufflais lentement aux narines, ce qui est encore le meilleur moyen d’entrer en relations avec un cheval. Les jarrets tendus, les narines ouvertes, la bête frémissait de tous ses nerfs. L’agitation d’un beau cheval est un spectacle plein de charme : même à cette heure inquiétante, je ressentais du plaisir à voir frissonner cette magnifique créature vêtue de peluche noire.

Son émotion se calma ; nous commençâmes à devenir amis dès que je lui eus présenté une poignée d’orge.

— Je m’en charge maintenant, déclarai-je au vieil Oumar… hâtez-vous de prendre vos dispositions.

Ce ne fut pas long. Vingt minutes ne s’étaient pas écoulées que les Marocains filaient à bonne allure vers le nord-est.