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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/268

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une paillote ouverte à tous les vents. Et je la contemplai, l’âme ensemble engourdie et tumultueuse. Une lueur d’améthyste enveloppait le village pâle. Des palmiers dressaient leurs pennes élégantes. Une odeur de baumes et de bois chaud s’élevait du feu.

Cependant la Mauresque avait saisi un vase de bois et se dirigeait vers une source pour y puiser de l’eau. Elle s’avançait, blancheur rythmique et comme lisérée de lueurs, sur la terre violâtre. Je lui barrai la route, disant :

— C’est moi qui irai prendre l’eau !

Elle hésita, puis elle me tendit le vase, en me regardant dans les yeux. Ah ! que cette petite minute et cet acte bref parurent considérables ! Je pris le vase, puisai l’eau, et revins à grands pas. Aïcha n’avait pas bougé, elle avait la même pose que naguère. Pourtant, quelque chose d’inouï venait de s’accomplir : le nicab était relevé ! Un front blanc s’élevait sur les sourcils, arqués