Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/269

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comme le croissant de la lune naissante, et se perdait dans les ténèbres magnifiques de la chevelure. Je connus que le haut du visage était plus parfait que je n’avais imaginé ; l’herbe féerique de la chevelure avivait le sens des yeux, le front parfaisait les pétales des paupières.

— Aïcha ! fis-je d’une voix ardente, laisse aussi retomber le litham.

Mais elle saisit vivement le vase et se sauva avec un rire argenté… Le soleil venait de s’évanouir. Le couchant se peupla de formes fabuleuses. Des golfes de corail se profilèrent sur des côtes de chrysolithe et de porphyre ; des rivières de soufre coulèrent dans des paysages d’hyacinthe ; il s’éleva des monts de houille et d’ocre, constellés de neiges. Une brise frissonna sur les solitudes ; les bêtes craintives s’enfuirent tandis que les carnivores s’éveillaient dans leurs repaires : dans toutes choses il y eut un reflet de la beauté d’Aïcha.