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que j’allais être déchiré, broyé, dévoré.

« Adieu ! » m’écriai-je faiblement.

Et cependant, d’un instinct désespéré, j’avais levé ma carabine… L’éclair, le crépitement… La bête hurle et bondit, et bondit encore. Je suis toujours étendu, j’attends toujours la mort… J’écoute ce râle colossal à trois pas : un faible espoir pénètre dans mon âme… Qu’est-ce ? Vais-je périr, vais-je vivre ? Pourquoi suis-je libre ? Pourquoi le fauve demeure-t-il à râler, sans chercher sa vengeance ? Un mouvement ! Il s’est relevé, je vais mourir… Non, il retombe, il ne râle plus, le silence !… le grand silence !…

Combien de temps tout cela dura-t-il ?

L’épouvante et l’horreur en firent de l’infini. Je me retrouvai debout sans savoir comment, dans l’attente mortelle. Des approches de pas humains, une voix, la voix de l’Asiatique :

« Lui très mort ! »