Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/29

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Dans les ténèbres, sa main avait saisi la mienne ; je répondis d’une sauvage étreinte. Et l’angoisse demeurait, le doute si la bête était vraiment anéantie… si elle allait se relever et bondir.

Certes, elle ne bougeait ni ne respirait. On n’entendait que la chute monotone de la pluie, et les pas tâtonnants de mes compagnons. La voix du capitaine s’éleva :

– Robert, êtes-vous sauf ?

– Oui !

Et je parvins après plusieurs tentatives à allumer une allumette sous le couvert de mon manteau. Dans cette frêle lueur, l’apparition fut saisissante : la bête géante dans la boue rouge, belle encore d’attitude et de menace, la gueule crispée sur ses immenses dents de carnivore, une griffe en arrêt, montrant ses poignards effilés ! En vérité, elle ne remuait plus, ne palpitait plus ! Comment cela s’est-il fait ? Est-il possible que me voilà parmi les vivants, sauvé du péril