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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/300

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j’arrêtai un des coursiers ; le grondement de Saïd fit rebrousser chemin à l’autre.

Oumar me montra deux magnifiques bêtes, qu’il entrava, car la présence de Saïd les faisait ruer et s’ébrouer de terreur, ce qui nous convainquit que nous n’avions repris aucune des montures déjà habituées à la présence du lion.

La nuit était éclatante et douce. La lueur des étoiles permettait de voir confusément toute chose. Malgré notre angoisse, je goûtai le charme divin de l’heure, je me retrouvai une âme d’Européen contemplateur. Douloureuse antithèse, cette lutte féroce, cette humanité si dure et si sauvage, et ce grand ciel évoquant tous les beaux rêves de ma race.

Je ne pense pas qu’Oumar songeât à rien de semblable. L’Oriental, dans lequel nous avons vu un contemplateur, ne pense pas. Il laisse entrer la voix obscure des choses ; il limite son rêve au lieu de l’agrandir, il