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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/31

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plissait d’une excitation presque joyeuse. Une très fine grisaille commençait à teinter l’orient. Longtemps, cette lueur demeura incertaine, permettant à peine de nous entr’apercevoir. Elle grandit enfin et ce fut le jour, un triste jour dans une contrée de désolation où la pluie faisait déborder les marécages. Devant la misère du paysage l’excitation tomba. Une tristesse profonde pénétra les âmes. Moi, je n’avais d’yeux que pour cette brillante Sabine qui éclairait ma destinée comme la tramontane les marins antiques.

Nos blessures n’étaient pas assez graves pour nécessiter une halte.


Une journée encore dans l’horrible solitude, sous l’implacable pluie tueuse d’énergie. Nos hommes murmuraient de plus en plus. Ils se tenaient à distance, ils conféraient secrètement. Lorsque j’approchais, ils me jetaient des regards méfiants. Il n’était pas