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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/336

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vaux qui piétinaient, et, de temps à autre, une voix basse lointaine.

Il me fallait faire un détour. Je me remis à nager doucement, lorsque je fus arrêté par un objet que je pris d’abord pour un pilotis, mais que je reconnus ensuite pour un radeau, à l’aide duquel, sans doute, les brigands traversaient la rivière. C’était un admirable moyen d’évasion. La précipitation avec laquelle je revins à l’ouverture aurait pu m’être funeste, car je perdis l’équilibre. Cela fit du bruit. Une voix appela en arabe ; une main s’avança sur la rivière en agitant un falot. Je me tassai sur la pierre, épouvanté. Enfin, le silence renaquit.

Je laissai encore couler dix minutes. La patience du tigre au guet m’était venue. L’amour me donnait un empire miraculeux sur mes nerfs. Je me penchai à l’ouverture, et je répétai tout bas le nom d’Aïcha, sachant combien, même dans notre sommeil,