Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/46

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détournée, au long d’un frêle promontoire dont la pointe obliquait légèrement vers nous. Il avait déroulé quelques mètres de cordelle qu’il portait toujours sur lui, il s’apprêtait à nous en jeter un bout. Tout notre espoir était en lui, nous le regardions avec angoisse. Brusquement, il glissa, il trébucha, il voulut reculer. Le sol du promontoire, fait sans doute, à l’endroit où il était parvenu, de quelque encroûtement végétal, s’effondra dans l’eau verte. Devreuse étendit le bras et s’accrocha au hasard. Mais sa main ne rencontra qu’un appui illusoire : sa situation était devenue identique à la nôtre !

Et la nuit était venue ! On ne distinguait plus que des formes vagues. Les bêtes soupiraient ou se lamentaient dans les pénombres de la vaste solitude. Les follets rôdaient sur l’étendue… Nous étions prisonniers de la vase ! Chaque geste nous engloutirait davantage, chaque minute mar-