Aller au contenu

Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

enlevant à chaque minute un peu de votre force.

« Mon Dieu ! » — soupira Sabine.

La lune, chassant ses fumées, resplendit sur la lagune. Des étoiles vinrent sur le Sud, solitaires, comme un petit archipel au sein d’un océan. Le vent rasa lentement le marécage, avec une douceur lourde et toxique.

La boue me venait aux épaules, une demi-heure encore et je disparaissais. Sabine étendit la main pour me retenir.

– Mourons ensemble, cher Robert. »

Douce fille, sois bénie dans la mort !


Soudain une mélodie confuse courut sur les algues, je ne sais quelle musique étrangère, musique d’aucun temps, d’aucun lieu — des intervalles inappréciables pour nos grossiers organes et pourtant perceptibles. Je regardai. La lune roulait dans une citerne claire, les rais tombaient lucides. Je vis une fine silhouette humaine, debout sur une