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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/54

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bande de sarcelles. Réconfortés et bien portants, nous ne laissions pas que d’éprouver quelque inquiétude. Soudain, Sabine poussa un léger cri :

« Regardez. »

Quelque chose flottante avançait vers notre abri : bientôt nous reconnûmes une manière de radeau. Il semblait avancer seul parmi les algues, et ce mouvement vivant d’un objet inerte nous causait du trouble. Mais une tête apparut, puis un corps jaillissant de l’onde verte ; nous reconnûmes notre bizarre providence. À nos gestes de bienvenue, l’Homme-des-Eaux répondit avec une non équivoque cordialité. Son apparence nous étonna davantage encore que dans le clair de lune : il avait la peau verte comme les jeunes pousses d’herbe, les lèvres violettes, les yeux étrangement arrondis, presque sans sclérotique, avec l’iris couleur d’escarboucle, la prunelle creuse et très grande.