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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/96

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Le jeu des rais lunaires sur tous ces corps émergeant, plongeant aux profondeurs, tournoyant dans des pénombres cristallines, des flaques de nacre et d’aigue-marine, était si doux que j’en oubliais mes angoisses.


Vers une heure, tout cessa. La scène des adieux fut grave : je vis s’éloigner l’escadre vivante.

« Ah ! — dis-je à Sabine, qui avait assisté avec moi à toute cette scène… — Se pourrait-il qu’ils partent ?

— Je le crois ! » — fit-elle.

Ses yeux craintifs se levaient vers moi, inondés de rayons pâles. Je l’embrassai avec un mélange de fièvre et de délice :

« J’ai eu bien peur ! Pour toi ! …

— Pourvu, — dit-elle en soupirant, — que mon père revienne maintenant… je suis si inquiète ! …

— Il reviendra ! »