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Page:Rossel - Voyage de Dentrecasteaux, envoyé à la recherche de La Pérouse.pdf/106

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VOYAGE

1792.
Mars.
elle présente néanmoins un aspect assez riant : depuis le sommet de la plus haute montagne jusqu’au rivage, l’île est couverte d’une verdure des plus vives, dont la fraîcheur est entretenue par une infinité de filets d’eau qui la sillonnent, et qui, se réunissant au bas, forment de petits ruisseaux dont les eaux tombent dans la mer. Nous passâmes à près de quatre encablures de la pointe Sud-Ouest ; et nous eûmes de là un point de vue qui offroit un contraste piquant avec la masse de fumée et de feu qui s’étendoit sur la côte de l’Est. Après avoir dépassé l’île, nous eûmes un nouvel aspect moins agréable, mais plus imposant ; la fumée épaisse produite par cet incendie, formoit, sous le vent de l’île, des nuages amoncelés, de couleurs plus ou moins sombres, selon les matières d’où elle provenoit ; l’atmosphère en recevoit une teinte cuivrée, semblable à celle qui précède et annonce les tempêtes : nous trouvions quelque satisfaction à pouvoir considérer ce spectacle d’un œil tranquille sans en redouter les effets. Nous fûmes bientôt nous-mêmes enveloppés dans cette fumée, si compacte qu’elle interceptoit presque la vue des flammes : ce ne fut qu’à la distance d’environ cinq lieues que nous commençâmes à nous dégager de ce brouillard, qui s’étendoit bien loin encore sous le vent.

Les petits espaces de la côte qui étoient dégarnis de verdure, laissoient apercevoir les couches exactement parallèles et horizontales dont elle est formée : c’est par les intervalles de ces couches que filtroit l’eau qui y produit cette forte végétation. Une organisation aussi régulière semble devoir