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VOYAGE

1792.
Juillet.
au Sud-Ouest, certain de rencontrer l’île à cette route : elle fut en effet aperçue de l’avant ; nous gouvernâmes au même rhumb de vent jusqu’à la nuit, que l’on passa, comme à l’ordinaire, sur les bords. Le lendemain 31 juillet, à la 31. pointe du jour, nous fîmes route sur les îles Négros de Morelle, et nous longeâmes la côte, ou plutôt les îles et les ressifs qui forment un cordon autour de l’île prin­cipale. Ces îles présentent l’aspect le plus agréable ; elles sont toutes couvertes d’arbres d’un vert ni trop foncé ni trop pâle. Les cocotiers croissent en grand nombre dans la plus grande partie de ces îles, et nous avons remarqué que celles qui en produisent étoient seules habitées ; soit que l’eau de coco supplée à l’eau de source ou de rivière qu’il est difficile de rencontrer dans des îles aussi petites et aussi basses, soit que l’amande de ce fruit soit pour les habitans une partie nécessaire de leur subsistance. Il paroît cependant qu’ils se livrent à la pêche. Un très-grand nombre de piro­gues furent aperçues entre les ressifs et les îles : plusieurs se détachèrent et vinrent à nous en passant par-dessus les ressifs. Je fis mettre en panne pour les attendre : elles s’arrêtèrent à une petite distance, sans doute afin de s’as­surer de nos dispositions ; mais quelques clous et d’autres objets mis sur une planche au-dessus de laquelle flottoit un petit pavillon d’étoffe rouge, les décidèrent à s’approcher. Les insulaires qui étoient dans ces pirogues se saisirent des clous avec la plus grande avidité : le fer seul parut avoir quelque prix à leurs yeux ; car ils laissèrent sur la planche les