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DE DENTRECASTEAUX.

1792.
Septembre.
louvoyâmes néanmoins, pour tenter le passage du canal. En y pénétrant, nous éprouvâmes, ainsi que Dampier et M. de Bougainville, l’action de lits de marée qui faisoient le même bruit que le courant d’une rivière très-rapide. Nous vîmes à l’extrémité de la pointe septentrionale de Bonoa, une pirogue dans laquelle étoient un petit nombre de naturels, et qui suivoit de très-près la terre, dont nous n’étions pas nous-mêmes éloignés de plus de deux milles : on avoit aperçu avant le jour, sur le rivage, un très-grand feu que l’on jugea avoir été allumé par des pêcheurs ; cependant la côte ne nous paroissoit pas être habitée ; elle est boisée jusqu’au rivage, et n’offre aucune trace de culture. Quelques roches qui, regar­dées d’un peu loin, ont l’air d’enclore des terrains défrichés, peuvent avoir induit en erreur ceux qui, n’ayant vu cette terre que dans l’éloignement, l’ont crue bien cultivée. Au reste, la côte est extrêmement remarquable par sa configu­ration pittoresque et variée, qui présente les formes les plus singulières.

Nous fûmes contrariés pendant quelques jours par des calmes et par des courans très-variables ; enfin nous par­vînmes, le 5 septembre, à l’extrémité occidentale de l’île d’Amboine. 5 et 6. C’est dans la nuit du 5 au 6, et d’après le plan de Valentin, que nous nous avançâmes dans le golfe où se trouve le fort Hollandois. Lorsque nous eûmes dépassé la baie des Portugais, je fis mettre en panne pour attendre le jour, afin de ne pas me méprendre sur le véritable mouillage. La brise qui nous avoit permis d’entrer dans le golfe

TOME I.
V