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VOYAGE

ses employés. Le mal est sans remède, parce que les abus 1792. Septembre. sont trop invétérés, et que trop de gens en profitent pour que l’on puisse espérer de les réformer. Quelques exemples de sévérité, tels que celui qui venoit d’avoir lieu à Banda, d’où le gouverneur et le sous-gouverneur avoient été rap­pelés à Batavia, sont insuffisans pour en arrêter les progrès.

Le même esprit de lucre qui anime tous les employés de cette compagnie, dirige les vues de l’administration géné­rale : aussi en résulte-t-il un régime destructif de toute industrie, parce qu’il tend à réduire la culture aux seules productions dont elle tire quelque avantage ; ce qui exige qu’on ne favorise ni les progrès de la population, ni le goût du travail, afin que les habitans, bornés au plus simple néces­saire, puissent fournir au taux le plus bas les fruits de leur labeur. L’administration met une si grande importance à prévenir ainsi le surhaussement du prix des denrées, que quand elle est contrainte de recevoir des bâtimens étran­gers, le conseil a l’attention de nommer des commissaires qui leur fournissent toutes les provisions dont ils peuvent avoir besoin, afin d’empêcher une concurrence qui contrarieroit ses vues. Ce n’est pas tout : les habitans sont tenus à un genre de contribution tyrannique, qui se reproduit à tous les momens ; c’est l’obligation qu’on leur a imposée de fournir gratuitement toutes les productions du pays néces­saires à la consommation des principaux employés de la compagnie.

Les Hollandois étendent ce régime oppressif jusque sur