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DE DENTRECASTEAUX.

les princes qui sont sous leur dépendance. Ils ne leur laissent 1792. Septembre. quelque ombre d’autorité que pour conserver par eux le commerce exclusif des productions de leurs propres pays. Jaloux sur-tout de celui des épiceries, dont les îles de Ternate et de Tidor produisoient une plus grande abondance que les îles d’Amboine et de Banda, possédées en toute souveraineté par la compagnie, ils sont parvenus à forcer les prétendus souverains de ces premières îles, à faire arracher les plants de girofliers et de muscadiers qui croissoient dans les divers lieux de leur domination, afin que ces plants ne pussent être cultivés que dans les seules îles qui appar­tiennent à la compagnie sans partage d’autorité.

Mais toutes ces précautions sont vaines : cette compagnie a beau vouloir soumettre à un régime prohibitif toutes les îles Moluques et en interdire l’abord à toutes les nations ; elle a beau entretenir, dans toutes les îles voisines de ses possessions, des résidens dont la plus importante fonction est de faire extirper jusqu’aux germes de ces plants, que les oiseaux ou les vents y portent sans cesse, et que la nature y fait croître presque sans culture ; jamais elle ne pourra entièrement les détruire : elle n’empêchera pas non plus l’exportation des épiceries, favorisée peut-être, et même très-vraisemblablement, par ses propres employés, qui ne peuvent trouver que dans ce commerce illicite le dédommagement de la modicité du traitement que leur assigne la compagnie.

C’est principalement par les petites embarcations de