Aller au contenu

Page:Rossel - Voyage de Dentrecasteaux, envoyé à la recherche de La Pérouse.pdf/298

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
234
VOYAGE


1793.
Février
leur a-t-il inspiré cette aversion, ou l’espèce de méfiance dont ils ne nous ont d’ailleurs donné des marques que dans cette seule circonstance. Je serois porté à croire, d’après la confiance qu’ils nous ont témoignée dans toutes les autres occasions, qu’ils ne veulent manger que des mets dont une habitude contractée dès l’enfance, qui a pour eux la force de l’instinct, leur a fait connoître l’usage.

Mais un spectacle plus intéressant encore que celui de leurs repas, c’étoit de voir les témoignages de tendresse que ces hommes simples et bons prodiguoicnt à leurs enfans. Cette première affection de la nature est parmi eux dans toute sa pureté et toute sa force. Ils les caressoient, et jouoient avec eux de la manière la plus intéressante. Les petites querelles de ces enfans étoient apaisées sans violence et par une légère correction, suivie de caresses qui faisoient promptement cesser les pleurs. Oh ! que les peuples civilisés et qui s’enorgueillissent de l’étendue de leurs connoissances, auroient à s’instruire à cette école de la nature !

La séparation des divers ménages aux heures des repas, donna lieu à une observation qui a été regardée comme certaine par les personnes qui l’ont faite, et qui a été com­battue par beaucoup d’autres. Dans deux de ces ménages, un seul homme étoit au même feu, entre deux femmes, dont chacune avoit ses enfans auprès d’elle. L’on soupçonna que ces deux femmes appartenoient à ce même homme : on le lui demanda par les signes les plus expressifs ; et l’on crut comprendre qu’il faisoit connoître que l’une et l’autre étoient